26/10/2015

Bilan du suivi des travaux de gestion de la lande

Bilan du suivi des travaux de gestion de la lande
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Travaux de rajeunissement de landes et utilisation du brise-fougère : quelle efficacité ?

Depuis 2010, le CREN est en charge, par convention de gestion avec le propriétaire privé, de restaurer une parcelle de landes humides vieillissantes. Deux actions de restauration ont ainsi été engagées :

  • une action périodique de rajeunissement de la lande, par tranches de 10-15 ans,de façon à créer une mosaïque de stades évolutifs de hauteur et de structure différentes, susceptibles d’abriter une diversité maximale d’espèces végétales et animales typiques de cet habitat.
  • une action expérimentale de gestion de la lande envahie par la fougère aigle qui tend à prendre un caractère invasif et appauvrissant pour le milieu après les opérations de restauration de la lande par gyrobroyage.

 

Dès janvier 2010, le CREN a ainsi procédé, dans le cadre d’un contrat Natura 2000, à la réouverture successive de 5 secteurs différents (un secteur différent étant traité par gyrobroyage chaque année). Chaque secteur a été par la suite laissé en libre évolution sur une zone témoin (environ 1 000 m2), tandis que le reste du secteur était passé au brise-fougère. Cette intervention correspond à l’application de l’entretien expérimental de la fougère aigle défini dans la seconde action. La technique consiste à écraser 2 fois par an les tiges aériennes des fougères à l’aide d’un rouleau tracté par un cheval (pour éviter toute dégradation du sol).

 

 Secteur broyé en janvier 2010 montrant une nette reconstitution de la lande, dominée par les bruyères © E. Brugel, LPO Placette broyée en mars 2012 et entretenue annuellement au brise-fougère ; la densité en fougère est importante mais leur taille est réduite © E. Brugel, LPO

 

Afin de mesurer l’effet de ces deux actions, des suivis de la végétation sont menés annuellement depuis 2012.  L’analyse des résultats de ces suivis, 5 ans après les premiers travaux de réouverture, permettent de dresser plusieurs constats provisoires présentés ci-après.

  • La richesse en espèces végétales, après avoir connu une forte augmentation entre 2012 et 2013, semble avoir atteint un palier (61 espèces ont été notées en 2015), malgré l’observation ponctuelle de quelques espèces nouvelles se rencontrant dans les trouées;
  • En 2015, le cortège des landes mésophiles domine globalement les placettes (tous types confondus, gérées ou non) ; il est constitué des bruyères (callune, bruyère cendrée et bruyère à balais) et de l’ajonc nain (plus ponctuel) ;
  • Aucune espèce patrimoniale (protégée / menacée) n’a été observée lors des relevés.
  • Les placettes passées au brise-fougère sont systématiquement plus riches en espèces végétales que celles non entretenues ;
  • A contrario, la densité de fougère aigle des placettes entretenues est plus importante (comme si elle était stimulée) que dans les zones en évolution libre, où la lande se reconstitue plus rapidement. Les pieds de fougère y sont toutefois moins hauts que dans les zones témoin (photo ci-dessous).

Le recul n’est toutefois pas suffisant (5 années) pour permettre de confirmer la reconstitution de la lande sur l’ensemble des secteurs gérés et pour évaluer l’impact à plus long terme du brise-fougère sur la fougère aigle. En effet, il est probable que l’entretien régulier de la fougère aboutisse progressivement à un épuisement des rhizomes, scénario qui mérite d’être évalué à l’avenir.

 

E. Brugel, LPO